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dimanche 14 février 2010

1.

     Il était certain de l'avoir déjà vu. Son aspect lui était si familier qu'il ne pouvait pas faire erreur. Son regard fuyant lui indiquait qu'il avait raison et que l'autre l'avait déjà reconnu. Mais où l'avait-il déjà vu ?
Il se flattait régulièrement d'être un assez bon observateur et un fin déducteur et cette situation allait lui permettre de mettre ses talents à l'épreuve. Il s'imaginait déjà dans des dîners à raconter cette anecdote. Mais pour cela il allait falloir travailler.

     D'abord, l'apparence. 
    Tel que l'homme était, avec son costume et ses cheveux gominés, la thèse d'une soirée à l'ambassade était la plus probable. Pourtant cela faisait désormais quatre ans qu'il n'occupait plus son poste. Son pays appréciait peu d'être représenté par des hommes dont le divorce avait fait la une. Leur rencontre devait donc être antérieure à quatre ans. Cela représentait dix-huit ans de carrière. Il pouvait réduire cela aux années passées en France où il était actuellement en train d'occuper une salle d'attente. Il détestait les coïncidences et l'hypothèse que lui comme l'autre se soient connus dans un autre pays mais atterrissaient tous deux dans la même salle d'attente d'un tiers pays au même moment lui était intolérable. 
Trois ans en France à rencontrer une tripotée de gens cela réduisait les possibilités mais en laissait tout de même un nombre conséquent. Il devait ajouter un critère. Ce fût celui de la nationalité. Le style de l'homme était sans conteste identique au sien, ainsi ils partageaient la même nationalité. Il était rare que notre ambassadeur rencontre des gens de son pays d'origine et il était toujours si heureux d'en trouver et de discuter avec eux de cet enracinement profond qu'il se souvenait de chacun d'eux. Et ce patient n'était pas un de ceux là.

     Ainsi, c'était donc un homme avec lequel il n'avait pas discuté. Cela le ramenait à son divorce et au scandale qui avait suivi. Un adultère aurait sans doute ébranlé son statut, mais si celui-ci avait été consommé avec d'autres hommes alors ça en aurait été fini de sa carrière. Il s'en était vite rendu compte. 
Quatre ans avaient passés et il y repensait désormais sans tristesse. La joie de retrouver un ancien amant était bien plus forte et particulièrement le plaisir d'ausculter chaque détail physique pour retrouver un souvenir précis.
    Le cou était régulier, aucune excroissance remarquable. Au contraire, on pouvait noter qu'il était extrêmement fin. Une veine ressortait naturellement. Il se voyait la mordre, l'embrasser. Il se voyait lécher ce long cou fin. Pourtant ça ne pouvait pas être possible, un cou robuste était un de ces critères pour ne pas lui rappeler...
     Alors il se pencha pour observer la nuque de l'homme. A la naissance des cheveux il était désormais en train de regarder ce qu'il n'avait plus eu sous les yeux depuis quatre ans : une longue cicatrice en forme de croissant de lune qu'il avait lui même causé, quand, un jour de plaisir intense, il avait mordu sa femme.

4 commentaires:

  1. Je comprends pas c'est "une nouvelle par jour" mais là elle est pas en entier ? Elle est où la suite ?? Le mec il fait trop du suspense quoi ...

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  2. Mais de quoi parles-tu donc. C'est fini la nouvelle là. Ouais ouais.

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  3. ouais mais grave on en veut plus moi je dis ! eh ouais je l'ai lu. non c'est pas parce que j'ai rien d'autre à faire.

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  4. Grave t'auras une interrogation pour vérifier. Ouais j'suis du genre méfiant... : )

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