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mercredi 17 février 2010

3.

           Les lacets s’enlaçaient, un nœud était dénoué, l’enfant allait bientôt enfanter.
A treize ans elle souriait en attendant. Le père était mort. De toute façon il n’aurait servi à rien. Cet enfant était à elle, enfant en passe de devenir mère. Elle l’avait voulu, elle serait une des premières mères de l’an 1. Peut-être même la première.
Le virus M4Z4 avait entrainé une hausse constante de la stérilité, les plus jeunes avaient été mis en quarantaine après une batterie de test pour écarter les porteurs du virus. Formés pendant des années à reconstruire leur nation, ils avaient vus leur rang décimé par un jeune garçon atteint de M4Z4. Une erreur de contrôle, 12 000 morts. Un tiers de la maladie, les autres par assainissement préventif. Devenus méfiants, les Hommes avaient limités les contacts en dehors de la phase de procréation.

L’enfant avait vécu trente trois fois cette phase avant de finalement tomber enceinte. Enfin elle n’aurait plus à sentir ses mains suantes et tremblantes sur son corps, à endurer les respirations haletantes dans son oreille jusqu’au fatal râle de plaisir et ce corps qui devient lourd, inerte. Parfois, les jeunes mâles se faisaient des idées, ils inventaient de l’amour là où il n’y avait que la nécessité de la reproduction. On lui avait embrassé le cou Après l’acte sexuel, on lui avait proposé de recommencer. La première fois elle avait accepté, croyant qu’une double ration de semence l’amènerait plus facilement vers la maternité. Elle avait ensuite posé la question à son tuteur. Il s’était montré clair, un tel acte n’était que luxure et typique de ce qui avait conduit l’espèce proche de l’extinction.
Le garçon avait été dénoncé, puis pendu, comme le furent tous ceux qui lui proposèrent ce tour par la suite. Après un énième dépravé elle en avait eu assez, elle voulait que cette 33ème fois soit la bonne.

Alors elle avait pris son destin en main. Dénonçant le futur pendu à son tuteur, elle s’était rapprochée de lui. Bien au-delà de la distance autorisée. Ses yeux étaient restés froids tandis qu’elle glissait sa main désormais experte vers l’entrejambe de celui dont elle fût des années la protégée. Désormais, plus de protection, un seul et unique instant de fusion pour enfin créer la vie.

Elle avait craint l’implication de ce père haut gradé dans l’éducation de son enfant, mais elle avait été vite rassurée. Il avait succombé au virus la semaine suivante. Pour protéger son enfant, elle avait déclaré être enceinte depuis son rapport avec le pendu et encore une fois, la négligence avait été de mise.

Elle arrivait désormais au terme de sa grossesse. Les palpitations, les contractions, toutes ces actions qui devaient la faire souffrir lui apportaient de la fierté. Après quatre heures sur la table de travail, l’enfant avait enfanté. Mais d’un pendu, comme l’homme qu’elle avait déclaré être le père. Le nœud avait été dénoué et l’enfant placé dans les bras de celle qui aurait dû être sa mère. Elle délaça ses lacets et ne s’offrit aucune chance de devenir un jour plus qu’une enfant.

1 commentaire:

  1. Bon la SF et moi, toi même tu sais... En plus tu dis des trucs un peu sales avec les enfants là... A quand la prochaine pour que je fasse des commentaires qui font plaisir t'as vu !

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